La plupart des grandes maisons et producteurs élaborent leur champagne à partir d’un assemblage : plusieurs cépages, souvent provenant de divers villages et parcelles, sont combinés pour garantir une régularité ou une typicité. Cependant, certains vignerons choisissent une voie différente en vinifiant les cépages indépendamment, dans des cuves ou tonneaux distincts. Pourquoi ? Voici quelques raisons majeures.
1. Révéler l’identité propre de chaque cépage
Chaque cépage possède son caractère et ses qualités spécifiques. Le pinot noir, par exemple, est souvent plus expressif sur des sols calcaires qui exacerbent ses arômes de fruits rouges, tandis que le chardonnay brille particulièrement sur des parcelles riches en craie, magnifiant sa minéralité et sa fraîcheur. En vinifiant séparément, le vigneron recherche une compréhension fine de ces profils aromatiques et de ces structures.
Cela permet également de sublimer les singularités de l’année de vendanges : dans une année où le pinot noir serait exceptionnellement concentré, il serait dommage d’en diluer les caractéristiques avec d’autres cépages.
2. Gagner en flexibilité pour l’assemblage final
La vinification séparée donne au vigneron une palette aromatique bien plus riche pour composer son champagne. Une fois chaque cépage isolé, il peut assembler avec précision les proportions idéales pour atteindre l’équilibre souhaité entre fraîcheur, fruité et rondeur.
Ce processus rappelant presque celui d’un peintre travaillant avec des couleurs pures lui permet de gommer d’éventuels défauts : une cuvée légèrement trop acide d’un chardonnay pourra être équilibrée par un vin plus rond issu du meunier, par exemple.
3. Valoriser le terroir à travers des cuvées parcellaires
Ceux qui vinifient chaque cépage séparément jouent souvent le jeu jusqu’au bout… en vinifiant, également, parcelle par parcelle. L’objectif ? Démontrer l’incroyable diversité des terroirs champenois. L’appellation se déploie sur 34 000 hectares et offre une fascinante mosaïque de sols (craie, marne, argile…) et de microclimats.
Un chardonnay issu des prestigieuses Côtes des Blancs n’aura rien à voir avec celui produit à Montgueux, près de Troyes. Pourtant, ces deux zones partagent le même cépage. À travers cette approche, certains vignerons (notamment ceux qui œuvrent en biodynamie ou en viticulture naturelle) cherchent à faire émerger un goût « authentique » du terroir.