La seconde fermentation en bouteille : la clé de l’effervescence
Une méthode née de l’observation et de l’innovation
Au XVIIe siècle, l’apparition fortuite d’une effervescence dans les bouteilles de vins de Champagne intrigue et provoque des explosions inattendues en cave. C’est Dom Pierre Pérignon, cellérier à l’abbaye d’Hautvillers, et ses contemporains qui perfectionnent la “prise de mousse” maîtrisée par la seconde fermentation en bouteille. La méthode champenoise (nommée aussi méthode traditionnelle) naît officiellement au début du XVIIIe siècle, et fait la renommée du vin de Champagne au-delà des frontières françaises (Source : Comité Champagne).
Déroulement du processus : étape par étape
La seconde fermentation (ou prise de mousse) commence lorsqu’on introduit dans le vin de base une liqueur de tirage (mélange de vin, de sucre - généralement 24g/L - et de levures sélectionnées), puis qu’on embouteille et bouche solidement avec une capsule. La magie opère alors :
- Les levures consomment le sucre ajouté et produisent de l’alcool supplémentaire et du dioxyde de carbone (CO₂). Retenue dans la bouteille, cette pression dissout le gaz dans le vin.
- L’apparition des bulles : sous l’effet de la pression, le vin s’enrichit en gaz carbonique ; chaque bouteille atteint une pression interne moyenne entre 5 à 6 bars (l’équivalent d’un pneu de camion !).
- Autolyse des levures : une fois les sucres épuisés, les levures meurent et se déposent sous forme de lies. Leur dégradation progressive va enrichir le vin d’arômes et de saveurs uniques, un phénomène capital dans la palette aromatique du champagne.
Cette fermentation dure généralement quelques semaines, mais l’élevage sur lies se poursuit beaucoup plus longtemps, de 15 mois minimum pour un champagne non millésimé à 36 mois minimum pour un millésimé (source : réglementation Interprofessionnelle du Champagne).