L’échelle des crus : comment ce système a structuré la Champagne pendant un siècle
Le classement traditionnel repose longtemps sur l’échelle des crus. Mis en place en 1911, ce système attribue à chaque commune productrice un pourcentage, indicateur de la qualité du raisin fourni à la vendange et servant de base au calcul du prix d’achat. Un mécanisme d’abord pensé pour garantir une équité entre vignerons et négociants.
- Grand Cru : 100 % (17 villages)
- Premier Cru : 90-99 % (41 villages, découpage variable selon les époques)
- Autres crus : 80-89 % (représentant la majorité des communes de l’aire d’appellation)
Plus qu’un simple classement, l’échelle des crus influence profondément la structure économique : le prix d’achat du kilo de raisin évolue progressivement selon le pourcentage attribué au village. À titre d’exemple, en 1990, un kilo de raisins issus de Grand Cru se négociait à près de 30 % plus cher que dans un cru classé 85 % (source : CIVC).
Mais au fil du temps, des limites apparaissent :
- Le système valorise le "village", pas la parcelle : il masque la diversité des sols, expositions, microclimats, intrants essentiels au style d’un vin.
- La mobilité des pratiques et le réchauffement climatique rendent la hiérarchie moins pertinente : certains Premiers Crus rivalisent voire surpassent certains Grands Crus dans certaines années.
L’échelle des crus s’est trouvée de plus en plus contestée à partir des années 1990, pour sa rigidité et son décalage avec la réalité des terroirs champenois.